lundi 14 novembre 2011

Zoom sur l'entreprenariat des Gabonaises grâce au micro-crédit Akassi



Des centaines de Gabonaises ont commencé à exploiter leur sens commercial grâce au lancement d’un projet novateur de micro-finance s’adressant aux femmes.

Cette année semble être prometteuse pour Thérèse Koumba Kessy, une mère célibataire vivant à la périphérie de la capitale du Gabon, Libreville. Elle est responsable d’une famille de sept personnes, mais grâce à la récolte de bananes de sa plantation, elle est désormais en mesure de vendre ses produits en gros ainsi que sur son marché local.


Thérèse est l’une des bénéficiaires du projet de micro-crédit Akassi lancé par la Fondation Sylvia Bongo Ondimba, une organisation caritative créée par la première dame du Gabon. 

Sylvia BONGO ONDIMBA, femme d’affaires avertie elle-même, pense que les femmes gabonaises ont un énorme potentiel pour aider à développer l’économie de leur pays dans la stratégie du « Gabon émergent ». Titulaire d’un MBA, Sylvia BONGO ONDIMBA, ancienne directrice commerciale de la plus grande agence immobilière du Gabon, lança à tout juste 25 ans sa propre entreprise de patrimoine, Alliance SA. « Les femmes ont toutes les qualités nécessaires pour devenir propriétaires d’entreprise, dit-elle. Le projet Akassi leur permet de s’affirmer et de se sentir autonomes, leur donnant ainsi le goût des affaires en leur procurant les outils financiers nécessaires pour démarrer une entreprise rentable. » 

Le micro-crédit a eu des hauts et des bas sur les marchés en développement. Depuis le succès de la première institution de microfinance, la Grameen Bank au Bangladesh, dirigée par le lauréat du prix Nobel de la Paix 2006 Muhammad Yunus, certaines institutions non réglementées ont terni son image. Cependant, MmeBONGO espère que cette nouvelle initiative, avec une approche prudente de prêts et s’adressant exclusivement aux femmes et aux associations de femmes, donnera à la micro-finance un éclat positif au Gabon. D’ailleurs, Akassi signifie « femme » en dialecte Obamba et Téké. 

Géré en partenariat avec Loxia EMF, filiale de l’une des plus grandes banques de l’Afrique centrale (BGFIBANK) le programme offre des prêts sur un an jusqu’à 500 000 CFA (1 070 $ / 762 €) avec un taux d’intérêt annuel «Ce sont des femmes qui, auparavant, quand elles allaient au centre-ville et voyaient des distributeurs automatiques, pensaient qu’elles ne faisaient pas partie de ce monde ! » de 12,6 %. Les femmes proposent un projet d’entreprise et, une fois les conseillers de la banque satisfaits, le prêt est accordé sur une base de confiance, avec pour seule exigence une « caution morale ». Un conseiller est affecté à chaque bénéficiaire qui reçoit également des conseils comptables de base et un livre de comptes.

Facteur F

Il est logique d’habiliter les femmes : elles représentent environ 43 % de la population active en Afrique et font souvent plus d’heures que les hommes, plus les travaux ménagers et ont souvent à charge de grandes familles. Selon les estimations de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques),70 % des travaux agricoles en Afrique sont effectués par les femmes

« Les femmes sont au coeur de l’unité à la fois familiale et sociale. Cependant, elles sont souvent exclues du monde des affaires. C’est pourquoi le programme Akassi vise, d’abord et avant tout, à promouvoir l’entreprenariat féminin au Gabon », affirme Sylvia BONGO ONDIMBA

Le programme, lancé en janvier dernier, est un véritable succès. Lors des cinq premiers mois, 711 femmes ont obtenu des prêts et 633 autres demandes ont été traitées. Les bénéficiaires travaillent dans divers secteurs tels la restauration, la coiffure, les importations et l’agriculture. Au départ, le projet était destiné aux femmes de la capitale, mais l’objectif est de se répandre à travers les branches Loxia dans les autres grandes villes comme Port-Gentil, Franceville et Moanda. 

« Mais le véritable succès du projet s’étend au-delà », explique le directeur de Loxia EMFGhislain Mboma. « En moyenne, les femmes ont une famille de cinq personnes à nourrir, ainsi Akassi a touché plus de 3 000 personnes. C’est le défi de ce projet, pour s’assurer qu’un nombre maximum de femmes ont accès au micro-crédit pour aider leurs enfants, acheter des livres scolaires et fournir des soins médicaux. »

Ce genre de sensibilisation est en ligne avec ce que la Fondation « pour la famille » de la First Lady s’emploie à faire : promotion des droits et autonomisation des femmes, éducation des jeunes et intégration sociale des groupes vulnérables. « Nos bénéficiaires doivent investir temps et énergie pour être en mesure de rembourser les prêts... ainsi le programme insuffle aux femmes des valeurs qu’elles peuvent transmettre à leurs enfants, ajoute Ghislain Mboma. La micro-finance fait partie de la vision du Président pour le Gabon émergent, avec son accent sur l’entrepreneuriat et une plus grande autonomie. »

Carte bancaire

Le programme Akassi joue également un rôle en faisant découvrir la banque aux femmes. Le Gabon reste une société où les échanges se font en liquide, avec une petite proportion de la population utilisant les services bancaires de sorte que, pour beaucoup des bénéficiaires de prêts Akassi, c’est la première fois qu’elles ont une carte bancaire. 

« Ce sont des femmes qui, auparavant, quand elles voyaient des distributeurs automatiques, pensaient qu’elles ne faisaient pas partie de ce monde !», dit le directeur de Loxia EMF. Si elles remboursent leurs prêts, on accorde alors à ces femmes un compte d’épargne dans le cadre du programme. 

Ces nouvelles entreprises, peu importe leur taille, sont la clé d’un plus grand projet : éradication de la pauvreté. C’est l’un des Objectifs du millénaire que le Gabon est désireux de respecter un nouvel élan avec le lancement du programme par la première dame. 

De leur étal de marché à leur salon de coiffure en passant par leur restaurant, les nouvelles «businesswomen » du Gabon jouent désormais leur rôle dans la réalisation de cet objectif.

Source : Gabon Magazine

Aucun commentaire: