mercredi 27 juin 2012

Tolérance zéro pour les crimes contre la faune





"Bagdad" au Bai de Langoué, Parc national d'Ivindo, Gabon, baptisé ainsi par les chercheurs du WCS en raison du trou laissé par une balle sur l'oreille droite. Un éléphant mâle majestueux, qui doit lever la tête pour marcher du fait des longues défenses touchant le sol. Peu de mâles comme celui-ci existent aujourd'hui en Afrique et la plupart vivent dans le Parc national d'Ivindo. Photo : Mitch Eaton.


Libreville, 27 juin 2012 : Le Président Ali Bongo Ondimba procède ce jour à la destruction de stocks d'ivoire illégal confisqué et annonce que son gouvernement va désormais appliquer la tolérance zéro pour les crimes contre la faune.
Il y a vingt ans, une vague de braconnage pour l'ivoire a balayé l'Afrique, tuant la moitié des éléphants du continent avant que la communauté internationale ne réagisse pour interdire le commerce international de l'ivoire.

Les crimes sur la faune ont pris des proportions inquiétantes ces derniers jours à travers l'Afrique. Plus que jamais, la survie de l'éléphant quelque soit l’endroit, est sur la balance. Dans certains pays, une guerre meurtrière est menée au quotidien contre la faune et le personnel des parcs nationaux, cible de bandes armées qui sont prêtes à tuer pour obtenir de l'ivoire et la corne de rhinocéros.
Le prix de l'ivoire commercialisé illégalement et la corne de rhinocéros ont augmenté de façon exponentielle. Aujourd'hui, les syndicats du crime impliqués dans le trafic d’armes, de drogues et d’êtres humains s’intéressent également à l'ivoire et la corne de rhinocéros. Les actions au cours de la décennie à venir vont déterminer si ces espèces emblématiques survivront.

Le Gabon détient 13% des forêts tropicales du continent africain, mais est aujourd'hui le refuge de plus de la moitié des éléphants de forêt d'Afrique (1), avec une population estimée à environ 50 000 individus. La population d'éléphants du Gabon est restée relativement stable mais, ces deux dernières années, des massacres importants ont été découverts par le personnel de l'Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon :
En avril 2011, le personnel des parcs a repéré 27 carcasses d'éléphants dans les savanes de la Réserve de Wonga Wongué. Les braconniers ont tué des éléphants, puis utilisé des tronçonneuses pour extraire l'ivoire, laissant des tonnes de viande pourrir. Le personnel des parcs a estimé que plusieurs centaines de carcasses ont été cachées dans les forêts tropicales qui couvrent une grande partie de Wonga Wongué.

En juin 2011, il est évident que l'activité humaine avait augmenté de manière exponentielle dans le Parc national de Minkébé et sa zone tampon, à la suite de l'augmentation du prix de l'or et l'ivoire. Un camp d’orpaillage alluvionnaire était passé de 300 mineurs artisanaux à une population de 5000 personnes incluant mineurs, braconniers, trafiquants d’armes et de drogue, ainsi que des prostituées. A cet effet, les autorités des Parcs estiment entre 50 et 100 le nombre d’éléphants tués chaque jour.
Le Gabon a été obligé d'utiliser les forces de défense afin de renforcer les parcs pour faire face à ces incidents. En réagissant de manière décisive, le gouvernement était en mesure de gérer deux situations potentiellement catastrophiques et de rétablir l’état de droit.

En réponse à la pression croissante des bandes armées de braconniers et à un certain nombre d'incidents où le personnel des parcs a essuyé des tirs tout en essayant d'arrêter les braconniers, le Gouvernement gabonais a créé une unité spéciale de 250 hommes au sein de la Gendarmerie nationale, en mai 2012, en vue de renforcer les capacités de surveillance au sein de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux – ANPN.
Ce 27 juin 2012, le Président gabonais, Son Excellence Monsieur Ali Bongo Ondimba, allumera le bûcher composé du stock entier d'ivoire ainsi que d'autres articles saisis des mains de braconniers. Il s’agit d’un acte symbolique visant à souligner son engagement, ainsi que celui du gouvernement, à éradiquer la criminalité sur la faune, en particulier la contrebande d'ivoire.

Au cours des 20 dernières années, les forêts de la RDC ont perdu au moins 200 000 éléphants, et aujourd'hui la population totale n’est estimée qu’entre 2 000 et 10 000 individus. La population d'éléphants dans le nord du Congo, qui était la seule autre population forestière stable jusqu'à récemment, a diminué de 50% au cours des cinq dernières années(4). Aujourd'hui, il ne reste presque plus d’'ivoire en Côte-d'Ivoire.
Le Président Ali Bongo Ondimba a déclaré : "Les éléphants du Gabon sont en état de siège en raison d'un marché illégal international qui a entraîné la hausse du prix de l'ivoire dans la région jusqu'à 750% en seulement 12 mois. J'appelle la communauté internationale à nous rejoindre dans cette lutte. Si nous ne renversons pas vite cette tendance, les éléphants d'Afrique seront exterminés… Au Gabon, nous avons une tolérance zéro pour la criminalité de la faune."

Le Professeur Lee White CBE, Secrétaire Exécutif de l’ANPN, a déclaré : "La bataille pour la survie des éléphants de forêt d'Afrique est plus qu’évidente, c’est un indicateur véritable de la catastrophe dissimulée par la végétation dense des forêts. En deux décennies, nous avons perdu jusqu'à 80% des éléphants de forêt et les parcs d'aujourd'hui et le personnel de la faune à travers le continent sont engagés dans un combat mortel pour renverser la situation. L'éléphant est l'architecte de la forêt tropicale - le créateurs des pistes que tous les autres animaux utilisent par la suite. Les graines qu’il disperse assure la régénération de centaines d'arbres et de lianes. C’est encore l’éléphant qui crée les salines que les autres animaux fréquentent… Une forêt sans les éléphants est une forêt stérile, un espace sans décor. Le barrissement des éléphants résonne dans la forêt et fait vibrer la vie qui y règne."

Le Ministre des Eaux et Forêts, M. Gabriel Ntchango, a annoncé que "au cours des derniers mois, nous avons travaillé avec la CITES et TRAFFIC pour inventorier les stocks d'ivoire confisqués du Gabon et mettre en place un système de gestion efficace afin d’éviter les crises à l’avenir. Le Ministère gabonais chargé de la faune est déterminé à jouer son rôle dans la gestion des dizaines de milliers d'éléphants qui vivent dans les forêts du Gabon, hors des parcs nationaux".

Annonçant la signature d'un accord de coopération entre son agence et l'ANPN, qui octroiera deux millions de dollars de financement ainsi que le soutien technique pour aider à préserver les éléphants de forêt, le Dr Richard Ruggiero (5), Directeur du Service des Pêches et de la Faune des États-Unis, a déclaré que "le Président Bongo Ondimba, l’Agence des parcs et le Ministère des Eaux et Forêts du Gabon font preuve d'un véritable leadership dans la lutte contre la criminalité de la faune".

Notes :

(1) L'éléphant de forêt d'Afrique, Loxodonta cyclotis, est généralement considéré comme une espèce distincte. Il est plus petit que l’emblématique éléphant de savane, L. africana, avec de petites oreilles arrondies et des défenses pointant vers le bas (voir photo), très prisées par les sculpteurs d'ivoire asiatiques qui les considèrent comme de meilleure qualité que celle de l'éléphant de savane. Les éléphants de forêt jouent un rôle prépondérant dans l'écologie forestière, la dispersion des graines de centaines d'arbres de forêt tropicale et de lianes dont les fruits qu'ils consomment, jouant ainsi le rôle des architectes des forêts.

(2) A propos de l’ANPN, aller sur les sites suivants : www.parcsgabon.org and www.gabon-nature.com.

(3) Pour en savoir plus sur le sujet en RDC, contacter le Dr. John Hart, johnhartdrc@gmail.com.

(4) Pour plus de détails sur les enquêtes d'éléphants de forêt à travers l'Afrique : Dr. Fiona Maisels, fmaisels@wcs.org.

(5) Contacter Dr Richard Ruggiero à l’adresse suivante : Richard_Ruggiero@fws.gov.

mercredi 20 juin 2012

New York Forum AFRICA : pari réussi

(Afrik.com <http://Afrik.com> 18/06/2012)       


La première édition africaine du New York Forum, organisé par Richard Attias, s’est achevée le dimanche 10 juin 2012 à Libreville, après deux jours et demi d’intense activité. Une semaine après, il est temps de tirer un bilan : ce Forum a tourné une page dans l’histoire économique et politique de l’Afrique.

Il fallait laisser passer quelques jours pour tirer les leçons de ce Forum dont l’organisation parfaite et le caractère exceptionnel empêchaient sur le moment de saisir toute l’importance. Une semaine s’est écoulée depuis les conclusions du Forum, il est temps d’y revenir pour mieux comprendre ce qui s’est produit à Libreville, et pourquoi ce premier NYF AFRICA marque un tournant historique.

Sommet mondial : réussite totale

Premier point, majeur, essentiel : le Gabon a prouvé qu’il pouvait être l’hôte de manifestations économiques et diplomatiques d’importance mondiale : la Cité de la Démocratie n’avait rien à envier au bâtiment de verre de l’ONU à New-York : qualité des discussions, caractère mondial des panels, réunis au plus au niveau de responsabilité économique et politique, transparence des débats et facilité des prises de contact... Organisation remarquable, fluidité des échanges entre la presse internationale (représentée par ses fleurons, du Financial Times à TV5 Monde en passant par Euronews, France 24, RFI, CNN, CNBC, Telesud, VoxAfrica, etc) et les participants... Le professionnalisme et l’implication directe des équipes de Richard Attias ont fait merveille.

Le NYF AFRICA a inauguré une nouvelle relation de transparence totale dans la sphère économique entre intervenants des 5 continents. Les studios aménagés en marge du Forum fonctionnèrent en permanence, des centaines d’entretiens y furent réalisés, dans des conditions techniques parfaites. Il ne manquait ni un câble ni un branchement. La haute qualité technique de la prestation assurée ne laissait prise à aucune erreur ni à aucun défaut. D’où l’efficacité parfaite des équipes dépêchées sur place du monde entier.

Liberté des médias, absence de langue de bois

Transparence politique et économique, avec une constante, l’absence totale de langue de bois. Pas de retenue, pas d’hypocrisie, les intérêts de chacun portés clairement, sans fausse pudeur ni ambigüité, les vrais problèmes abordés de front, sans commisération ni complexe de supériorité ou d’infériorité. Les dirigeants africains et internationaux présents n’étaient pas là pour se faire voir, mais pour travailler ensemble et résoudre de manière pratique des cas concrets. Echanger les bonnes pratiques, inventer les solutions de demain, coordonner les investissements à réaliser, harmoniser les besoins du public avec les outils du privé, accélérer la conclusion d’accords ou de contrats. Est-ce parce que la crise mondiale rend plus urgente la recherche de solutions propres à l’Afrique ? Toujours est-il que, comme le soulignait d’emblée le Président de Maroc Telecom, la croissance est là et bien là en Afrique. Durable, forte, auto-entretenue, avec des perspectives de soutien endogènes.

Un modèle de développement INCLUSIF

Que manque-t-il à cette Afrique qui décolle et qui constitue aujourd’hui l’avenir économique du monde ? Seulement de mieux faire entendre sa voix, et de défendre ses propres couleurs sans fausse honte ni excès de modestie. Se faire connaître, inventer son modèle de développement et le défendre. Avec en tête cette vérité profonde qui assure aujourd’hui son décolage : le partage des richesses produites par la croissance doit être le plus large possible, pour que l’amélioration des conditions de vie des populations locales assure aussi le développement des marchés africains. L’Afrique entre aujourd’hui dans ses "trente glorieuses", les trente années de croissance rapide qui ont permis à l’Europe occidentale de se relever rapidement de la dernière guerre mondiale. Le succès des trente glorieuse fut bien sûr le fait de grands investissements structurels, et il en a été beaucoup question à Libreville. Mais il fut surtout le fait de l’expansion rapide des classes moyennes. C’est le pari d’une croissance "inclusive", selon l’expression d’Ali Bongo.

Coup de chapeau à Ali Bongo

Et dernière remarque, en forme de coup de chapeau. Ce n’est pas fréquent sous une plume de journaliste, et encore moins sur AFRIK.COM <http://AFRIK.COM> , dont l’indépendance est connue, reconnue, et permanente... Coup de chapeau à Ali Bongo, qui a fait avec le NYF AFRICA une triple démonstration sans faute : démonstration d’ouverture, il n’esquivait aucune question ; démonstration de compétence, il a suivi l’ensemble des débats, au plus haut niveau, virevoltant entre le français et l’anglais en prouvant sa parfaite compréhension des enjeux et des mesures à prendre ; démonstration d’indépendance enfin, c’est un Gabon décomplexé qui construit désormais son avenir, conscient des intérêts du peuple gabonais dans son entier et du contexte mondialisé dans lequel ils doivent être défendus. Chapeau, Mr President !

par Olivier Zegna-Rata 

Source :
http://www.afrik.com/article25945.html