Le pays veut conforter sa place de locomotive en Afrique centrale dans la mise œuvre des programmes d’émergence économique.
Les résultats de la politique de l’émergence affichés par le Gabon depuis les deux dernières années, ont conduit plusieurs pays d’Afrique centrale à adopter, eux aussi, le model gabonais afin de rejoindre le giron des pays émergents à l’horizon 2025 en réadaptant leur politique économique.
L’objectif décliné par le dirigeant gabonais, lors de son allocution du 17 août 2011, de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025 passe inéluctablement par des projets structurants. A quatorze ans de l’échéance annoncée, le chemin à parcourir reste certainement long, du fait même de la spécificité de son tissu économique et industriel. En effet, les rapports sur l’économie gabonaise démontrent une forte dépendance de l’économie nationale au secteur primaire.
Cette forte dépendance n’a pas véritablement enclenché le développement du pays durant quatre dernières décennies, d’autant qu’en même temps, le secteur tertiaire pointe en deuxième position, tandis que le secondaire caracole en dernière position.
Sur la base de ce constat, experts et analystes économiques s’accordent sur le fait que même si le secteur tertiaire est sans valeur ajoutée, le secteur secondaire de l’économie gabonaise constituera une locomotive pour le développement du pays, étant donné que la tertiairisation ne génère pas beaucoup d’emplois.
Locomotive de la CEMAC
Le Gabon, avec une population estimée à plus de 1,5 million d’habitants, regorge d’énormes richesses naturelles et minières. L’objectif déclaré des autorités, qui est d’en faire un pays émergent au cours des quatorze prochaines années, apparaît comme un pari réalisable. Et pour cause, l’économie gabonaise, d’après la Confédération patronale gabonaise (CPG), est largement dominée par le secteur primaire, qui concentre 55% de la production totale du pays. Sa structuration actuelle peut en faire un levier de développement indiscutable en ce sens que c’est le secteur primaire qui crée la richesse, et par conséquent stimule la croissance. Le secteur primaire, qui occupe largement le peloton de tête, est suivi par le secteur tertiaire avec 29% de la production nationale, puis vient le secteur secondaire avec 8% de la production, tandis que le secteur des services non marchands boucle la boucle avec près de 8% de la production totale du pays.
Avec une forte dépendance de l’économie gabonaise sur le secteur primaire, la relance de la croissance à partir de ce seul secteur devient difficile, d’autant qu’il s’agit d’un secteur « difficilement contrôlable, où les capitaux étrangers joue un rôle prééminent ». La situation est d’autant compliquée, puisque dans 90% de ces entreprises, l’Etat n’a qu’une influence marginale.
Si ce modèle économique a eu ses réussites, il peut difficilement impulser un véritable développement industriel, prélude à une émergence et à une croissance forte et durable, conformément aux ambitions du numéro 1 gabonais.
Locomotive de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) avec près de la moitié des ressources financière de la sous-région, le Gabon, qui compte près de 2 millions d’habitants ne saurait longtemps compter sur ces atouts pour consolider son leadership. Il convient donc de renforcer la présence de la puissance publique dans le capital de toutes les entreprises stratégiques du pays, à l’image du montage réalisé sur la SETEG et en cours auprès d’Eramet. Sans pour autant exclure des percées dans celui des grandes entreprises et les grands secteurs d’activités des pays voisins afin de contrôler ou d’avoir la main mise sur l’économie de la sous région.
Il va sans dire que la décision des autorités d’engager des chantiers structurants, des projets d’exploitation des minerais, de la production hydroélectrique et de l’exploitation pétrolière et gazière, s’inscrit dans une politique d’industrialisation du pays parce que « le gouvernement est conscient que c’est ça qui crée la richesse et développe le pays. C’est le sens de la politique des Grandes ambitions que le chef de l’Etat Ali Bongo propose à ses concitoyens », comme l’a précisé dernièrement le Premier ministre Paul Biyoghé Mba.
Dans la mouvance des ambitions du Chef de l’Etat, certains patrons, lors du lancement de la première phase de la Zone économique spéciale de Nkok, ont réitéré leur ambition de faire du Gabon, « un Gabon émergent et industriel, où les entreprises créent les emplois et la richesse, synonyme de croissance économique ». Un modèle de développement économique qui met l’accent sur la production et la transformation des produits locaux, et la prééminence du secteur industriel.
L’annonce des projets structurants par le président Ali Bongo Ondimba s’inscrit dans cette logique d’industrialisation et d’émergence du Gabon d’ici 2025. Ces patrons ont émis le vœu de faire du « Gabon la locomotive de la sous-région, un peu à l’image de Singapour».
Ambitieux programme politico-économique s’il en est, dont la matérialisation commande qu’on combatte avec la dernière énergie la corruption et qu’on secoue en permanence les reines de l’inertie.
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